Compagnon-Parfait: Home, sweet home sur SabbaticalHomes  By

Compagnon-Parfait: Home, sweet home sur SabbaticalHomes

Sur SabbaticalHomes , des milliers de personnes viennent chercher une maison ou un appartement à échanger ou à louer à l’autre bout du monde, le temps d’un déplacement professionnel – d’une année sabbatique souvent. En lançant ce site, il y a une douzaine d’année, alors qu’elle attendait son premier enfant, Nadège Conger a fait le pari de s’inventer un travail flexible et plein de sens. Avec environ 5 000 annonces en permanence et des membres multirécidivistes, elle peut se vanter d’avoir créé une véritable communauté, une machine à voyager qui apporte sa contribution à la recherche et à la circulation des idées.

Comment est née l’idée de SabbaticalHomes ?

Il y a 20 ans, mon mari Jay était invité à l’université d’Harvard. Nous avions été invités à diner dans une superbe maison, la maison typique d’un prof de Harvard, qui m’avait charmée. Je me suis rendue compte que les gens qui nous avaient invités n’étaient pas les propriétaires. C’était un échange. Dix ans plus tard, j’attendais mon premier bébé et je travaillais chez Deloitte & Touche comme consultante. Ce n’était pas bon pour une maman. Je voulais trouver quelque chose qui m’intéresse et qui me donne de la flexibilité. A cette époque, nous avions besoin de passer trois mois à Londres, deux fois par an. Il fallait donc trouver un appartement quelque temps à l’avance, capable d’accueillir un bébé et bien situé.

Il n’existait aucun site de ce genre ?

Internet était déjà bien installé, mais c’était un petit parc d’enfant par rapport à ce qu’il est devenu maintenant. Il y avait des sites pour les échanges court terme et quelques-uns existent toujours comme HomeExchange. C’était perçu comme une façon d’organiser ses vacances et pour beaucoup de gens, l’échange est toujours cela. Nous connaissons beaucoup de profs et c’était évident pour moi qu’un site comme SabbaticalHomes allait marcher car il n’y avait rien de global.

Racontez-nous le lancement du site

Deloitte & Touche m’a donné cette confiance. Si je ne connais pas, je vais pouvoir trouver la solution. Le premier week-end de mon congé maternité, je me suis installée devant mon ordinateur et j’ai écrit ma première ligne de code HTML. Je me souviens que j’ai écrit « hello » sur une page Internet. J’ai conçu la première version du site seule, sans programmeur. Cela m’a pris un an. Quand j’ai mis le site en ligne, il n’y avait pas d’annonces. Pour attirer les gens, j’ai offert de mettre en ligne les 1 000 premières annonces gratuitement [Mettre une annonce en ligne coûte entre 22 euros par an pour les universitaires et 40 euros les autres pour une durée de 14 mois. Si l’annonceur trouve son bonheur, Nadège l’incite à verser entre 50 et 100 dollars pour aider à améliorer le site. NDLR]. The Chronicle of Higher Education, un journal très lu dans le monde universitaire, a publié un article sur SabbaticalHomes. Du jour au lendemain, je me suis retrouvée sur la mappemonde et il n’y avait plus moyen de revenir en arrière.

Qui sont les utilisateurs principaux de SabbaticalHomes ?

Ma mission est toujours d’aider les universitaires, particulièrement les scientifiques et ceux qui font de la recherche médicale. C’est tellement important de les aider à voyager. Mais dans le miroir que je tends, beaucoup de gens se retrouvent, des artistes, des professionnels, des journalistes. D’ailleurs collectionner les commentaires est un hobby pour moi (Cf. rubrique Testimonials ). Ce qui ressort des commentaires, ce sont les liens qui se créent entre les gens. Moi aussi je développe des relations amicales avec certains utilisateurs par email.

D’ailleurs le site s’adapte au contexte économique…

Oui, avec la crise économique, c’est de plus en plus difficile pour les jeunes universitaires et les doctorants de passer six mois à Londres ou à New York. J’ai lancé l’idée de partager un appartement avec la formule Home Sharing cette année. Il y a aussi la possibilité pour des gens qui voyagent beaucoup d’offrir leur maison, mais d’y venir passer du temps de temps en temps.

Comment s’organise le fonctionnement derrière le site ?

Il y a 10 ans, j’ai pris un cours d’informatique à UCLA et je me suis rendue compte que je devais devenir 100% techno ou trouver de l’aide. J’ai trouvé un programmeur. Constantin est un homme brillant et adorable qui m’a sauvée. Depuis 10 ans, il a refait le site. On avait commencé avec Access, une base de données « pépère » et on a changé pour SQL Server par exemple. Mon rôle est de vivre dans les artères du site, de garder le pouls en étant en relation avec les utilisateurs. J’adore les maisons. C’est un plaisir de parler avec des gens qui ont des vies super.

Comment abordez-vous toutes les dernières nouvelles technologies ?

On essaie de rester à l’affut des nouveautés, mais on n’est pas obligé de tout incorporer. Par exemple, Facebook est important. Mais il y a un phénomène commercial et de respect de la vie privée qui me paraît dangereux. Sur SabbaticalHomes, la transparence est importante à dose très calculée. Il ne faut pas donner toute l’information personnelle des gens. Donc on utilise Facebook mais sans aller jusqu’à divulguer trop d’information.

L’année dernière, nous avons travaillé sur les cartes pour mieux positionner les annonces sur une carte. Il y a un an ou deux, j’ai découvert un nouvel outil. C’est un site qui s’appelle 99designs.com où on peut inviter des gens du monde entier à travailler sur un projet. C’est une compétition et le meilleur gagne. On travaille sur un nouveau logo pour le site qui a aussi besoin d’une rénovation du point de vue graphique. Ce que j’aime avec la technologie, c’est qu’on ne sait jamais ce qui va arriver. C’est comme un buffet où on peut choisir parmi une variété de plats. Avec Constantin, on est en osmose et on a souvent les mêmes idées en même temps. Si on voit quelque chose qui est cool ailleurs, on en discute.

On dirait que fonder SabbaticalHomes a rempli le but dont vous parliez, non?

Oui, je vis à Manhattan Beach au soleil, à la plage. Je ne fais pas partie d’un écosystème d’Internet, mais je peux trouver ce qu’il me faut si j’ai besoin. Je préfère grandir doucement. J’ai une super équipe, je bosse tout en m’occupant de mes deux enfants. Tous les ans, nous utilisons le site car nous passons du temps à Paris tous les étés et nous avons l’intention de vivre dans tous les arrondissements… Quand j’ai commencé, mon mari m’avait dit que je devrais plutôt créer un site de rencontres pour les universitaires. Ca y est, nous avons appris qu’un premier mariage avait résulté d’un échange entre deux utilisateurs du site!

par Isabelle Boucq Compagnon-Parfait.fr